Parce qu’à l’IFCAM nous sommes convaincus de la nécessité d’accompagner dirigeants et collaborateurs, nous avons développé des approches de coaching variées et complémentaires au service du Groupe, de l’humain et des territoires.
Isabelle, peux-tu nous présenter ton rôle aujourd’hui à l’IFCAM ?
Je suis responsable de l’activité coaching individuel et collectif à l’IFCAM. Ce rôle, c’est plus qu’une fonction : c’est un positionnement au cœur du projet du Groupe.
Notre mission est d’accompagner les collaborateurs et les collectifs pour motiver, explorer de nouvelles voies, créer, trouver du sens. Ces sujets favorisant la résilience dans un monde challengé.
Plusieurs projets d’accompagnement conduits auprès d’entités du Groupe, ont engagé la direction de l’IFCAM de décider la création de ce poste dédié au coaching individuel et collectif.
L’Objectif ? Proposer et consolider notre offre dans le champ de l’accompagnement des collaborateurs mais aussi des dirigeants comme ce fut le cas avec l’Ecole Navale pour l’équipe de Direction de Crédit Agricole Finistère.
Pourquoi avez-vous fait le choix de proposer une offre d’accompagnement, alors que nous avons déjà une offre de formation solide ?
Les deux métiers, bien que cousins, sont distincts et complémentaires. La formation se concentre sur la transmission de connaissances et de compétences spécifiques. Le coaching vise à libérer le potentiel individuel et collectif, en facilitant le développement personnel en milieu professionnel. Accompagner une entité s’adosse sur ces deux métiers. Ce qui compte est de répondre à une demande.
Le sujet du changement est clé puisqu’il est inhérent au monde en mouvement dans lequel nous évoluons. Selon une étude du cabinet conseil McKinsey, 70% des transformations n’atteignent pas leurs objectifs. C’est ce que constate aussi Boston Consulting Group (BCG) sur la majorité des transformations numériques[1].
Cette statistique révèle bien que la psychologie est complexe, le changement subi génère trop souvent un climat de stress au travail, qui s’avère coûteux pour l’entreprise et pour les individus. Je garde en tête ce cours emblématique du Master de coaching de Paris 2, dispensé par Matthieu Poirot[2], expert en psychologie des organisations qui travaille sur la performance en entreprise en équilibre avec la qualité de vie au travail : il nous partageait le coût financier d’une transformation trop souvent négligé et la souffrance au travail occasionnée par la perte de repère qu’il génère.
Edgar Morin[3], sociologue de la pensée complexe nous témoigne de son côté que « nous devons apprendre à naviguer dans un océan d’incertitudes » et que « la pensée complexe aide à affronter l’erreur, l’illusion l’incertitude et le risque ». Ainsi nous avons à (re)construire une capacité d’accueillir les changements.
Quelle est l’approche retenue par l’IFCAM pour accompagner le changement ?
À l’IFCAM, au service d’un groupe mutualiste pragmatique, nous avons choisi de proposer des pratiques d’accompagnement alternatives et pragmatiques, ancrées dans l’approche systémique et l’intelligence collective. Ces méthodes créent des espaces de dialogue authentiques où collaborateurs et dirigeants échangent sur le travail, au service de projets concrets et de la performance.
Notre conviction : passer d’une logique où l’on subit le changement à une responsabilisation partagée entre des dirigeants et collaborateurs. Nous nous inscrivons dans des relations d’égalité des personnes et de hiérarchie des fonctions, favorisant des échanges respectueux quel que soit le niveau hiérarchique. Cette circulation fluide de l’information permet aux dirigeants de décider au plus près des réalités du terrain et d’engager le collectif dans une transformation choisie.
Françoise Kourilski, dans son ouvrage « Du désir au plaisir de changer », le rappelait déjà en 1999 : « le vrai enjeu n’est pas de lutter contre la résistance, mais de créer les conditions du désir de changement ». C’est précisément dans cette dynamique que s’inscrit le coaching de l’IFCAM. Le changement n’est pas une résistance à vaincre, c’est un désir à éveiller.
Qu’est-ce qui rend cette offre différente de ce qu’on voit ailleurs ?
Pour éveiller ce désir, nous mobilisons des méthodes innovantes qui transforment concrètement l’expérience des collaborateurs. Nous allions coaching et intelligence collective avec des dispositifs comme le Design Thinking, le Co-Développement, les Liberating Structures, ou encore l’Appreciative Inquiry. Cette combinaison de pratiques, que nous maitrisons et internalisons, nous distingue. Les acteurs de la transformation reprennent les rennes des transformations en autonomie, ou en alliance avec les cabinets de conseil. Nous partageons nos pratiques pour poursuivre nos apprentissages. Nous ne sommes pas en périphérie des transformations. Nous sommes au cœur du projet humain du Groupe Crédit Agricole.
Quels bénéfices pour le Groupe ?
Concrètement, nous apportons trois bénéfices :
Peux-tu me parler du partenariat de l’IFCAM avec l’Université de Nantes ?
L’IFCAM est mécène depuis Janvier 2024 de la Chaire « Le Don au Travail ». Les travaux sur « Le don au travail » d’Anouk Grevin, contribue à consolider notre approche du coaching.
Le don est au cœur des schémas relationnels. Ils font échos à l’origine même de la création du groupe Crédit Agricole, créé par et pour les besoins propres des agriculteurs. En chaussant les « lunettes du don », nous faisons émerger l’implicite des relations dans le travail. La qualité des relations est un vecteur du bon fonctionnement d’une entreprise, et de sa performance. Le don est au cœur de notre désir d’entrer en relation avec l’autre.
Chercheurs universitaires et experts des entreprises, dont ceux de l’IFCAM, travaillent ensemble. Ce partenariat montre que nous savons relier innovation académique et besoins concret des entreprises.
Ce mécénat nous permet d’ancrer notre pratique du coaching dans une réflexion de fond sur ce qui fait sens au travail, sur ce qui crée du lien et de l’engagement, sur ce qui fait fonctionner implicitement une entreprise. Il illustre notre conviction profonde que l’accompagnement humain se construit avec une compréhension fine des dynamiques relationnelles qui se jouent dans les entreprises.
Qu’est-ce qui te motive personnellement dans cette mission ?
Ce qui me motive, c’est de voir les personnes et les équipes avoir ces prises de conscience sur le besoin de faire autrement grâce au coaching. Je vous partage des thèmes qui reviennent régulièrement : un manager intègre dans ses équipes des jeunes générations : « comment s’adapter à de nouvelles demandes ? », ou encore de déconstruire un management directif ou paternaliste au profit d’un management bienveillant. Quand un collaborateur dit : « j’ai retrouvé du sens, j’ai trouvé une nouvelle façon de travailler avec mon équipe. Comment ai-je pu faire ainsi si longtemps ? », alors la mission, avec le prescripteur, est réussie. J’ai assisté à des retours allégés sur des sujets sérieux. … Ces coachings menés sont comme des petits pas au service d’un plus grand nombre.
Si tu devais résumer l’ambition de cette activité en une phrase ?
Je répondrais par une question : notre ambition n’est-elle pas de rendre chaque accompagnement plus humain, tout en étant au service d’une performance ?
Isabelle Holié, Responsable Coaching Individuel et Collectif.
Propos recueillis par Pauline Hubert, cheffe de projet Communication
Nos références
[1] Propos relayés dans Harvard Business Review – HBR
[2] Matthieu Poirot | Les Echos
[3] Introduction à la pensée complexe, une analyse éclairante du concept de complexité. Edgar Morin. Edition Points.
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