Et si l’on sortait de la salle de formation pour apprendre ?
« Sortir du cadre pour le plaisir apprendre », voici la thématique du Festival de l’Apprendre 2022. Un sujet qui nous inspire particulièrement à l’IFCAM et que nous avons choisi d’aborder à travers les lieux pour apprendre. La salle de formation est-elle le seul lieu pour apprendre ? Sortir de la salle de formation veut-il nécessairement dire « aller dehors », dans la nature ? Peut-on faire entrer la nature dans la salle de formation ?
Julie Mary, Cheffe de projets et Dorothée Cavignaux-Bros, Ingénieure formation partagent avec nous les réflexions & réalisations de l’IFCAM à ce sujet.
Dorothée pourquoi ce sujet est particulièrement d’actualité ?
DCB : La crise sanitaire a un peu plus précipité l’hybridation de la formation, et le développement des espaces numériques pour se former. Et en même temps nous ressentons le besoin de plus de nature, de re-découvrir des lieux pour se ressourcer, pour se cultiver, pour sortir de notre quotidien. Ce constat nous a amené à nous re-questionner sur la place et le rôle des lieux pour apprendre. Questions que nous avions déjà abordées, lors de notre emménagement sur le campus de Montrouge en 2017 sous l’angle de l’aménagement des espaces de formation et de travail.
Les espaces, les lieux, le milieu et la formation, sont autant de notions qui méritent des éclaircissements, à la fois sur le plan de ce qu’ils recouvrent et sur leur potentiel pour nos apprenants. Nous avons ainsi invité Denis Cristol à animer une conférence intitulée : « apprendre la force des lieux, la nature comme source d’inspiration ».
Et qu’est-ce tu retiens de cette conférence ?
DCB : Je retiens que les lieux ont des énergies qui peuvent influencer celles et ceux qui les visitent :
- L’énergie naturelle des forêts, des rivières, …
- L’énergie civilisatrice des musées, des jardins, des villages, …
- L’énergie fonctionnelle des salles de formation, des lieux de production comme les ateliers, les fablabs, …
- L’énergie émancipatrice des lieux de mémoire, …
- Et enfin l’énergie créative des tiers lieux, lieux de friche, …
Denis Cristol nous donne aussi quelques pistes pour faire entrer la nature dans les espaces de formation.
Intéressant ! Un replay de cette conférence est-il disponible ?
DCB : Oui, vous pouvez retrouver l’intégralité de la conférence sur la chaine Youtube de l’IFCAM.
Dorothée nous disait que vous aviez réfléchi à la question des lieux pour apprendre dès l’arrivée de l’IFCAM sur le site de SILVAE à Montrouge, fin 2017. Julie, je crois que tu as travaillé sur ces questions. Tu nous racontes ?
JMP : Avec plaisir ! Le déménagement a été pour nous, collaborateurs de l’Université, une manière de nous rapprocher toujours plus de nos collègues du Crédit Agricole puisque le Campus d’Evergreen compte plusieurs milliers de personnes. Un Campus ouvert donc aux rencontres et échanges ! Nous avons voulu offrir cette même ouverture au Groupe à nos apprenants. Notre site a été aménagé de ce fait avec des espaces dédiés aux échanges informels et travaux en sous-groupe, hors de la salle de formation traditionnelle. Nous avons par exemple l’espace dit « foyer » où les apprenants peuvent rencontrer des collaborateurs du Groupe ; le « grand hall » équipé de « togunas » permettant le travail en petits groupes à l’abris des regards et nuisances sonores éventuelles et enfin, notre superbe terrasse du 6ème qui permet d’agréables moments de pauses et de réveils corporels. Des lieux que nous avons fait découvrir en avant-première aux formateurs qui viennent animer sur le site et qui ont, eux, à leur disposition une salle qui leur est dédiée pour favoriser les échanges entre pairs et profiter également des expositions que nous proposons régulièrement.
En effet, l’IFCAM propose de s’ouvrir l’esprit dès son arrivée sur le site ou pendant les pauses à travers ses « expositions apprenantes » portant sur des thèmes en lien avec l’apprentissage : la réalité virtuelle, les robots, le cerveau, les tendances de la formation, l’histoire de l’innovation pédagogique à l’IFCAM et la dernière en date : la nature. Des expositions qui nourrissent l’esprit et donnent une bonne raison de plus de sortir de sa salle de formation !
Les Togunas & une partie de l’expo « Apprendre, le cerveau livre ses secrets » du Grand Hall
Beaucoup de lieux qui encouragent à sortir de la salle alors !
JMP : Effectivement ! Mais la salle de formation reste un facteur clé de réussite d’une formation et ne doit pas être délaissée bien au contraire ! De plus, le fait d’être dans une salle n’empêche pas l’évasion. Nous avons eu envie de faire voyager, à notre manière, nos apprenants en faisant notamment le choix de valoriser le patrimoine culturel de nos territoires via le nom des salles. Ainsi l’apprenant est invité à se rendre dans un endroit chaleureux, avec un nom en lien avec un projet réalisé par la Fondation du Crédit Agricole Pays de France tel que Maison du pain, Alpage, Cabane des vignes, Moulin à eau, … Pour gagner en personnalisation, chaque salle a été habillée d’un papier peint, d’étagères et de petits objets de décoration, liés au nom de la salle. Sur chacun de nos sites, nous avons voulu faire une part belle à la nature : chaque étage porte le nom d’un élément comme l’eau, la terre et l’air et sur le site de Paris nous avons fait le choix de végétaliser le numéro de nos salles.
Enfin tout le mobilier et les ressources installés dans les salles ont été pensés pour rendre possible tous les scenarii pédagogiques que le formateur voudrait mettre en œuvre. Nous avons donc des salles modulables voire décloisonnables ; du mobilier sur roulette et pliable ; écrans interactifs, des visios mobile, …
Comment avez-vous accompagné les formateurs à ces nouveaux aménagements ?
JMP : Qui dit nouveaux espaces entrainant des nouveaux usages et modalités pédagogiques, dit formation de nos formateurs ! En effet le changement n’est pas naturel et doit s’accompagner d’un temps d’appropriation, c’est pourquoi le programme Camp’use a vu le jour dès 2018 ! Il s’agissait au départ de s’approprier ces nouveaux lieux et d’explorer de nouveaux usages pédagogiques. Face à la crise sanitaire qui nous a touchés en 2020 et qui nous a obligés à stopper temporairement toute venue sur notre site, nous avons fait évoluer le dispositif pour faire monter en compétence l’ensemble de nos formateurs aux techniques d’animation à distance.
Et comment cela se passe pour les formations qui ne sont pas jouées votre campus ?
JMP : Depuis, la mise en place de l’équipe Expérience Apprenant en 2018, nous avons poursuivi nos expériences au-delà de notre campus, pour toutes nos formations, même celles qui sont jouées ailleurs ou à distance. Nous avons introduit des ressources qui prennent en compte la nature comme par exemple une micro-sieste guidée avec Soméo à partir de sons comme le bruit des vagues, des rivières, et de visuels associés, les fameux espaces bleus mentionnés par Denis Cristol dans sa conférence.
Merci Julie, Dorothée, un mot pour conclure ?
DCB : On sent que le sujet prend de plus en plus d’importance, de même que la prise en compte du corps en formation, la nécessité de gérer sa charge cognitive et de diversifier des sources et ses espaces d’apprentissage. A l’IFCAM tous ces sujets nous passionnent et nous sommes ravies de partager nos réflexions et nos expériences dans le cadre du festival de l’apprendre 2022.