Animation de formation : 3 moments clés dans la carrière d’un formateur
Animer des formations est à la fois riche, exigeant et passionnant. Et comme dans toute carrière, il y a des moments clés, des moments où l’on sent que notre approche du métier évolue.
Nous avons demandé à 3 formateurs de l’IFCAM de partager ces expériences avec nous !
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François Crépin-Leblond « Je pense que c’est à ce moment-là que j’ai commencé à me penser animateur au-delà de mon expérience personnelle »
Si je devais partager un tournant dans mon expérience d’animateur, je parlerais du moment où je suis passé d’une animation sur des sujets que je connaissais (pour avoir exercé le métier concerné par le passé) à l’animation sur des sujets nouveaux. Fini les anecdotes et l’expérience client acquise au fil des années passées en agence, bonjour la perte du sentiment de légitimité lié à l’expérience passée… je dois dire que je n’étais pas totalement serein !
Et pourtant, j’étais enthousiaste face à cette mission que je voyais comme une opportunité de faire évoluer mes pratiques et ma posture du formateur. J’ai dû adapter ma préparation à l’animation, mobiliser d’autres ressources, développer mon écoute active, apprendre à utiliser les silences pour développer l’attention des apprenants et leur laisser le temps de la réflexion notamment, m’adapter à un public différent de celui que je connaissais si bien… Et je dois dire que c’est aujourd’hui un réel plaisir d’animer ce type de formation.
Je pense que c’est à ce moment-là que j’ai commencé à me penser animateur au-delà de mon expérience personnelle. Ces expériences m’ont permis de me professionnaliser et de gagner en confiance en moi et en mes compétences.
Jean-Michel Thébault « J’essaie d’intégrer à chaque fois que c’est possible une forme de métacognition dans mes animations, de prendre du recul en adaptant immédiatement le déroulé de la formation initialement prévu (tout en respectant le contenu à aborder). »
Je pense qu’une des compétences clés du formateur est de prendre en compte les caractéristiques, les besoins et les réactions des apprenants pour s’adapter. Pas toujours évident en début de carrière quand l’on se dit que l’on doit suivre précisément le programme de la journée !
J’essaie d’intégrer à chaque fois que c’est possible une forme de métacognition dans mes animations, de prendre du recul en adaptant immédiatement le déroulé de la formation initialement prévu (tout en respectant le contenu à aborder).
Je me souviens d’une expérience où j’ai réalisé, lors du tour de table des apprenants (que nous faisons au début de la journée), que le public présent dans la salle s’attendait à une prise en main d’un bagage pour déploiement (une formation de formateurs en sommes), alors que j’avais prévu de les former comme des apprenants finaux, c’est d’ailleurs ce qui avait été validé lors du cadrage avant mon intervention ! Si j’avais continué sur ma lancée, je pense que j’aurais perdu tout le monde (moi y compris).
Au final, je me suis adapté et les personnes présentes m’ont remercié. Les échanges ont été très nombreux et constructifs, j’avais répondu à leurs besoins.
Cela a conforté ma conviction : en tant que formateur, il est indispensable de bien tenir compte des circonstances et de s’adapter.
Nathalie Zanko « J’aime à penser que mon métier consiste à semer des graines que les participants pourront faire pousser ensuite »
Dans le groupe Crédit Agricole depuis 32 ans, je suis formatrice à l’IFCAM depuis 2 ans.
Depuis toujours, j’aime transmettre, accompagner les enjeux du Groupe, m’adapter aux apprenants, les accompagner dans leurs réflexions, dans leurs apprentissages, partager, expérimenter, débriefer…
J’ai commencé à animer des formations lorsque je travaillais en Caisse régionale. Le contexte faisait que revoyais régulièrement les apprenants suite aux formations, je pouvais échanger avec eux sur la suite de leurs parcours, la mise en application de la formation sur le terrain, continuer de les accompagner au besoin.
Dans mon activité actuelle, les choses sont différentes puisque j’anime des formations pour l’ensemble du Groupe et je ne vois les apprenants (la plupart du temps) qu’une fois. Cela a fait évoluer mon rapport à mon métier et aux enjeux que je perçois dans les formations.
J’ai conscience que les apprenants arrivent en formation avec des parcours, des expériences, des besoins et des motivations différentes.
L’essentiel pour moi est de contribuer à leur montée en compétence, de mettre en réflexion pour que chacun puisse prendre ce dont il a besoin, approfondir et aller plus loin ensuite.
Mon objectif est qu’ils aient suffisamment de clés pour continuer de faire vivre l’histoire en autonomie après la formation, qu’ils soient capables de partager et transmettre à nouveau.
J’aime à penser que mon métier consiste à semer des graines que les participants pourront faire pousser ensuite.
Propos recueillis par Pauline Hubert, Chargée de projets de Communication