12 septembre 2024
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L’évolution du marché de la formation : enjeux et stratégies de développement pour les organismes de formation (OF)
Le marché de la formation professionnelle est en pleine mutation, notamment influencé par des facteurs économiques (baisse attendue des financements publics), technologiques (digitalisation des formations, impact de l’IA), Sociétaux (en réponse aux enjeux des transitions). Cet article présente les défis/enjeux auxquels sont confrontés les organismes de formation et les stratégies de développement qu’ils peuvent adopter pour rester compétitifs.
Quels sont les enjeux des organismes de formation ?
Dans un paysage en pleine transformations, les organismes de formation sont confrontés à plusieurs enjeux/défis :
- Adaptation aux nouvelles tendances du marché. Le marché de la formation est de plus en plus concurrentiel. Les organismes doivent anticiper les tendances économiques et sociales pour proposer des formations pertinentes.
- Anticipation de la baisse des financements publics qui constitue une menace sur l’activité et/ou les marges des OF positionnés sur ces pans du marché. France compétences fait face à un déficit structurel, conséquence du succès de l’apprentissage et du CPF dont le financement repose sur une logique de guichet ouvert. Si France compétences assure pour le moment ses obligations grâce à un recours à l’emprunt et à des aides exceptionnelles de l’État, son financement n’est pas pérenne. La diminution des niveaux de prise en charge (NPEC) et le reste à charge sur le CPF fait partie des premières mesures prises pour remédier à la situation.
- Conformité réglementaire. La certification Qualiopi, obligatoire depuis 2022, est un gage de qualité mais représente également un défi pour les organismes de formation. Ils doivent se conformer à des exigences strictes en matière de processus et de méthodes pédagogiques. De plus, les évolutions législatives, comme celles liées aux Compte Personnel de Formation (CPF), nécessitent une veille constante pour rester en conformité. L’encadrement de la sous-traitance pour les formations financées sur le CPF nécessitera également des adaptations de procédures.
- Digitalisation de l’apprentissage. La digitalisation est incontournable. Les organismes doivent intégrer des outils numériques pour améliorer l’expérience d’apprentissage et proposer de véritables offres hybrides, construites autour d’une multimodalité optimale et de dispositifs pédagogiques alternés (alternance de modules synchrones et asynchrones, mise en place d’un système de tutorat, etc.). Cela inclut l’utilisation de plateformes en ligne, de la réalité virtuelle et de la gamification pour rendre les formations plus interactives et engageantes.
- Adaptation des stratégies de développement externe en raison de la hausse des taux d’intérêts. Plusieurs OF ont mené des stratégies de build-up (croissance externe) pour concrétiser rapidement leurs ambitions d’expansion géographique, de diversification de débouchés sectoriels ou même d’élargissement de leurs portefeuilles d’activités. Dans un contexte de hausse des taux, ces stratégiques deviennent pour compliquées en termes de retours sur investissements (ROI).
- Intégration de l’IA générative dans la conception de dispositifs de formation pour personnaliser les offres de formations et réduire les coûts de production. Les outils d’IA vont bouleverser le modèle des acteurs de la formation via :
- Une hyperpersonnalisation de l’offre et de l’apprentissage. Grâce à l’analyse de données, l’IA pourrait pourra identifier les besoins des apprenants et concevoir des parcours sur-mesure ;
- Une automatisation de la création des programmes, cours et autres supports.
Les 6 axes de développement des organismes de formation pour une croissance rentable et durable
- Adaptation de l’offre de formation grâce à des stratégiques marketing d’envergure pour répondre aux grandes transformations de l’économie. Il s’agit : de stimuler les besoins autour de l’IA et des autres tendances d’avenir :
- L’IA générative,
- la transition écologique,
- la cybersécurité,
- l’inclusion ou le codage.
En matière de cible, les OF devront également accompagner les besoins de formation des seniors qui sont appelés à augmenter dans les années à venir. Ces actifs constituent un vivier d’affaires potentiel pour les acteurs du marché. En outre, les seniors affichent un taux d’activité en deçà de la moyenne.
- Amplification du virage vers le digital Learning. Beaucoup d’acteurs ont pendant la crise Covid bien amorcé leur virage digital. Ces adaptations ont cependant uniquement consisté à une « simple » transposition des formations présentielles sous un format numérique. En matière de digital learning, les OF doivent développer des offres hybrides, construites autour d’une multimodalité optimale et de dispositifs pédagogiques mixant digital et phygital learning pour un parcours apprenant sans couture. Les OF doivent être capable de proposer des expériences d’apprentissage enrichies grâce à des formats plus interactifs et engageants (cf. plateforme d’Expérience Apprenant, dite plateforme LXP.). Il s’agit d’individualiser les parcours de formation pour renforcer l’engagement des apprenants, ainsi que l’efficacité des formations.
- Recherche de proximité avec le client en développant l’ancrage géographique car une présence « physique » est particulièrement importante pour les organismes proposant des formations techniques « de terrain » ou positionnés sur les formations inter-entreprises. C’est un puissant facteur différenciant sur un marché où la tendance est à l’essor du digital. Cette stratégie permet aux OF traditionnels de se différencier des pure players digitaux.
- Développement à l’international qui constitue un axe de croissance privilégiée pour les acteurs de la formation. Plusieurs acteurs de marché sont déjà bien avancés dans leur internationalisation. C’est le cas :
- Des OF privés à but lucratif (Demos ou Cegos),
- Des business school qui cherchent à capter un gisement de croissance important à l’étranger ou
- Des plateformes d’e-learning qui cherchent notamment à atteindre rapidement de larges volumes d’affaires pour rationaliser leurs modèles à coûts fixes.
- Diversification des activités dans une logique d’élargissement de la palette de compétences à l’amont et à l’aval de l’acte pédagogique. Beaucoup d’OF entendent leurs activités au-delà de leur « core » business (formations inter et intra-entreprises). Cette logique de guichet unique leur permet d’intervenir sur le développement des compétences au sens large. A ce titre, les OF peuvent augmenter leurs revenus en proposant :
- Des services de conseil en ingénierie pédagogique et d’évaluation de l’efficacité des formations ;
- Des services d’accompagnement des particuliers dans l’élaboration et le financement de leurs projets de reconversion, de transition professionnelle ou de VAE.
- Construction d’une stratégie identitaire forte pour clarifier leur proposition de valeurs sur un marché de la formation très éclaté (le marché compte environ 80.000 dispensateurs de formation). Cette stratégie de marque repose sur le travail « classique » sur le naming et sur l’identité graphique (nom, slogan, habillage du site web, etc.) mais également sur le brand content (diffusion d’études de marché et d’enquêtes, d’articles de réflexion, publication d’ouvrages) et/ou le développement de certifications et de partenariats stratégiques.
Conclusion
L’évolution rapide du marché de la formation présente des défis significatifs pour les organismes de formation. Cependant, en adoptant des stratégies adaptées et en restant flexibles, ils peuvent non seulement surmonter ces défis mais aussi saisir de nouvelles opportunités pour se développer.
François Salle, Directeur Marketing et Pilotage